Réseau écologique sombre, un nouveau concept contre la pollution lumineuse

14.05.2021, Bettina Erne
On connaissait déjà la trame verte (réseau des milieux et biotopes terrestres naturels) et la trame bleu (réseau des milieux et biotopes aquatiques), voici la trame noire. La pollution lumineuse est une menace croissante pour la biodiversité. Afin de pouvoir prendre en compte cette menace dans les politiques de conservation de la nature, les chercheurs ont développé le concept de "réseau écologique sombre".

On connaissait déjà la trame verte (réseau des milieux et biotopes terrestres naturels) et la trame bleu (réseau des milieux et biotopes aquatiques), voici la trame noire. La pollution lumineuse est une menace croissante pour la biodiversité. Afin de pouvoir prendre en compte cette menace dans les politiques de conservation de la nature, les chercheurs ont développé le concept de "réseau écologique sombre". 

Lumière artificielle nocturne: une pollution avérée

La lumière artificielle nocturne constitue une menace croissante pour la biodiversité à l’échelle mondiale. Au cours de la période 2012-2016, les émissions de lumière ont augmenté globalement à un taux annuel moyen de 2,2 % et impactent à présent plus de 88 % des espaces nocturnes européens. La lumière artificielle nocturne affecte notamment les rythmes biologiques ou les mouvements des individus d’un grand nombre d’espèces, ce qui provoque des effets en cascade sur les écosystèmes. Pour tous ces effets négatifs avérés, la lumière artificielle nocturne est désormais considérée comme une pollution à part entière – la pollution lumineuse.

L'éclairage artificiel: une menace pour la biodiversité

L'éclairage artificiel peut affecter différemment les différentes espèces végétales et animales. Si les espèces tolérantes à la lumière peuvent bénéficier de la lumière artificielle nocturne, s'y adapter ou ne pas en être affectées, pour les espèces sensibles à la lumière, cela peut signifier que leur capacité de survie est réduite ou que leur risque de mortalité est accru.

En outre, l'éclairage artificiel peut fragmenter l'habitat des espèces animales, restreignant leur rayon d'action et donc leur capacité à se procurer de la nourriture. Elle peut également entraîner une modification de la concurrence et des relations prédateur-proie entre les espèces. Par conséquent, il peut y avoir un déplacement progressif des espèces au sein d'une communauté biotique. Dans le cas des espèces menacées, il faut craindre le déclin, voire l'extinction, de petites populations isolées, surtout lorsque les habitats sont fragmentés par le développement urbain.

Un nouveau concept: le réseau écologique sombre

Une équipe interdisciplinaire de chercheurs vient d’introduire le concept de « réseau écologique sombre ». Ce concept souligne l’importance de l’obscurité comme nouvelle dimension de la connectivité écologique. Ce faisant, il place la préservation de la biodiversité ordinaire au premier plan de la lutte contre la pollution lumineuse. En intégrant les processus écologiques associés aux paysages nocturnes dans la planification de la conservation de la biodiversité, il offre une double perspective pour une préservation intégrée de l’environnement nocturne : lutter contre l’homogénéisation des paysages et la fragmentation des habitats d’une part, et insérer les théories de la conservation dans les pratiques ordinaires d’aménagement d’autre part. 

Challéat S. et al. (2021): Grasping darkness: the dark ecological network as a social-ecological framework to limit the impacts of light pollution on biodiversity. Ecology and Society 26(1), 15. DOI : 10.5751/ES-12156-260115, lien vers la publication (open access).

Plus d'informations sur les effets de la pollution lumineuse sur la faune et la flore sur nosvoisins sauvages.ch

Guide de l'Office français de la biodiversité: Trame noire - Méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre